Pourquoi n'avons-nous pas encore atteint la paix au monde?
Qu'est-ce que cela nécessiterait?
A quoi devrions-nous y attendre?

2006/07/17

Qui bénéficie de Bombai ?

Je ne puis m’empêcher à penser de ses pauvres gens de Bombai comme de tous ces pauvres espagnoles et londoniens, new yorkais et kenyans, irakiens, israéliens, afghans et palestiniens. Cette confrérie/sororité de victimes de bombes, elle semble être la plus innocente, cosmopolite, œcuménique, interethnique and profondément humaine sur cette lugubre planète. C’est dommage que l’entièreté de l’humanité ne puisse se rallier autour de leur mémoire pacifique au lieu des priorités sanglantes de leurs meurtriers.

Se crépitant au boulot sur des trains matinaux : des foules super chauffées, tassées et poisseuses tentant vaillamment de rester civilisées ; chacun plein d’envi que cette première épreuve de la matinée ne puisse terminer et que la charge grise du travail quotidien ne leur en libère ; le mousson gris crépite son averse incessant sur la toiture de chaque fourgon. Le rugissement, le balancement et la moiteur, la saveur brûlée de voie ferrée posée bon marché…

Puis ce heurt stupéfiant (dont je peux ressentir le premier bisou dans le rampement de mon cuir chevelu) décapitant littéralement, vaporisant le torse supérieur de ceux les plus proches, effondrant le crâne et affaissant les épaules de ceux se tenant à mi-chemin et éclaboussant les restants de sang vaporisé et d’un shrapnel de grillage en haut et d’éclats d’os qui leur fauche tous, les pattes brisées, tous s’écroulant tandis que les trains s’arrêtent en bloc strident, mortellement atteints.

Le silence pour un instant, puis les suites hurlantes rincées du sang et de cette pluie incessante. Les hôpitaux submergés sous des morts et agonisants qui remplissent les couloirs et envoient les infirmières et infirmiers à courir pales pour davantage de matériel, tachant ne pas glisser sur les foulées sanglantes. L’agonie, le choque, le chagrin. Tous ces enfants innocents rendus instamment orphelins sans aucune faute de leur part—ils ne le croiront jamais. Horrible au delà d’imaginer.

Pourtant très coutumier ces jours-ci. Plus ou moins la répétition de Bali, de Londres, de Barcelone, de l’onze septembre, d’Irak du jour le jour—et combien de bombardements sans nombre depuis et ensuite ? Quelqu’un à t il recruté deux fois le nombre de bombardiers suicidaires de bonne volonté dans la communauté aux alentours de Bombai, que ceux aux alentours de Londres ? Sauvegardant leurs colis sacrés sur les étagères supérieures jusqu’à ce qu’ils n’en furent vaporisés de même ? N’auront pu leurs passagers analogues flairer la puanteur de leur peur, la lire dans leur comportement ? Enfin, est-ce que ces canailles de recruteurs furent payées par des aliénés de l’ISI pakistanais sinon leurs équivalents déments en Inde ?

Bombai, cette ville parmi les plus mondaines, ville principale d’une nation lasse du monde mais resurgissante, parmi les plus vieilles sur terre, terrain domiciliaire de Salman Rushdie bien reconnu de nous ses lecteurs résiduels occidentaux parce qu’il nous aurait guidé jusque là, de par là et au-delà de façon amoureuse et diverse. La ville Paris, le New York and LA de l’Inde ; que seuls les indiens pourraient accommoder en un seul endroit. Centre de cosmopolitisme et bastion chancelant de tolérance mutuelle si toutefois profondément traumatisé tout récemment.

L’unique endroit que les extrémistes des deux cotés souhaiteraient décapiter : autant littéralement que de manière figurative—comme quelques uns l’auraient réussi : qu’ils pourrissent en enfer pour toujours. Que leur enfer puisse se rendre en voyage perpétuelle en fourgon de première classe remplie de soixante-dix sept corps décapités et vierges se pressant autour d’eux et riant stridentes de leur stupidité vicieuse depuis leurs gorges pétillantes de sang.

Qui hormis des extrémistes Hindous en bénéficierait ? Certainement pas Moubarak avec ces dépenses de trois à un en faveur des militaires aux dépens de l’éducation et de la santé, son pays grouillant de canailles déguisées en bons musulmans fortifiés derrière une montagne sur deux, sa poignée de nuques qui annulent plus ou moins les glorieuses ambitions militaires de tous. Pas la grande majorité des habitants au Cachemire qui ne souhaiteraient rien de plus que tous ne s’en aillent et leur laissent tranquilles. Non pas les indiens musulmans qui doivent se sentir comme des animaux pris au piège dans leurs propres voisinages à présent.

Combien the milliers d’insultes, combien de coups furtifs et crimes malins ces deux cent morts et trois fois plus de blessés rachèteront-ils ? Combien davantage de peines et d’angoisses inciteront-ils autant innocemment que ces salauds qui ont délibérément fait sauter cette mosquée en Irak ? Je te demande encore une fois : qui bénéficie ? Seulement le BJP – duquel j’ai lu qu’il aurait plus ou moins perdu tout espoir de gagner les prochaines élections en Inde, faute de cette catastrophe – et ses partisans psychotiques, bien sur. Eux croient à tord qu’ils puissent en bénéficier, eux et leur fondamentalisme Hindou. Qu’ils étouffent de ce bénéfice…

Apres tout, n’étaient-ce pas ces fondamentalistes qui assassinèrent Gandhi, tout comme le premier ministre israélien Yitzhak Shamir, tout comme le président égyptien Sadat, tout comme chaque leader porteur de compassion, de bon sens et de charisme durant ces dernières décennies sur cette planète ; tandis que des essoreurs incompétents et corrompus de mains troquent place avec des fauteurs incompétents et corrompus de troubles, tandis que des fraudeurs corrompus mais entièrement compétents dirigent le tout à partir des arrières pièces, et un crétin quelconque peut toujours être trouvé pour abattre tout honnête homme détenant une promesse de paix—et ainsi de suite jusqu’à la nausée avec uniformité et efficacité croissantes ?

Je répète : qui en bénéficie le plus ? En bref – soit le cotée qu’ils revendiquent et soit le dieu qu’ils revendiquent mais disgracient au lieu – personne qui ne mérite le titre d’être humain.