Flotte comme un papillon et pique comme une abeille
Il y a quelques années, j’ai adressé une lettre à
l'éditeur du journal Foreign Policy, distinguant entre la stratégie de raids et
celle d’occupation avec leurs résultats. À ce moment, cet insupportable rustaud, Bush le moindre, avait
embourbé l'Amérique dans une guerre en Afghanistan et un autre en Irak, achoppant
les deux campagnes parce que les moyens nécessaires pour gagner
l'une furent gaspillés
sur l'autre jusqu'à
ce que tous deux ne se soient rendus en gluaux intraitables. À l'époque, Foreign
Policy était une publication un peu plus
pondérée ; ses articles disponibles gratis en ligne et des lettres de non-abonnés
acceptées, ceux-là refusés
actuellement. Tranchez-vous le nez en dépit de votre physionomie.
J’ai préconisé une politique de raids du genre
« délit de fuite » menés contre des cibles
terroristes millimétrées à travers le monde, profitant des évidents avantages de l’Amérique :
sa mobilité stratégique et ses
renseignements distribués; au lieu de
présenter à l'ennemi des cibles
grasses, balourdes et statiques
que fournit sur le terrain des troupes d'occupation, leurs collaborateurs militarisées et leurs énormes appuis
logistiques. Citant Mohammad Ali: « Flotte
comme un papillon et pique comme une
abeille, » au lieu de se stationner là
et encaisser tout ce que l'ennemi
puisse nous lancer à la figure de très
près.
Que ce soit de leur propre initiative ou la
mienne, l'armée d’Obama a pris à
cœur ce conseil. Malheureusement, elle l’a également poussé à son l’extrémité
de sa logique.
Elle a enlacé le monde dans un réseau de surveillance
électronique et humaine qui écoute et
voit tout, aux proportions monstrueuses,
dépenses énormes et influences anticonstitutionnelles.
Chaque année depuis près d'une
décennie, leurs drones robotisés de grande envergure ont largué des milliers de missiles
Hellfire dans la fenêtre
de cuisine de chaque chef
d'escouade qu'ils ont pu dénicher en opposition,
avec leurs voisins inoffensifs dont les survivants ont formé la prochaine vague d'assaut contre les Etats-Unis. Nul doute que des éléments accrus des forces
spéciales de l'armée américaine
ont enfoncé des
milliers de portes en plus de
celui de Ben Ladden à travers la planète et abattu beaucoup
d'autres dans son genre.
Si vous attribuez le titre de terroriste à tous ceux en désaccord avec vous, et déclarez la guerre à partout et n’importe où, de quoi pourriez-vous
vous attendre, sauf la multiplication d’ennemis qui se rendent sans cesse mieux coordonnés,
armés et fatals au
fil du temps ? L'autre
jour, j’ai écouté Jim Kerry, le secrétaire d'État (ministre U.S. des
affaires étrangères,) se vanter que les Etats-Unis avaient tué presque la moitié des dirigeants d'ISIL. Il
a omis de signaler le fait que ces mêmes politiques
ont multiplié en
même temps les effectifs, richesses et armements du terrorisme global par des centaines de fois.
Halte, là. J’avais en tête une application beaucoup plus judicieuse
de la brutalité, fort soigneusement
élaboré dans l'espace et le
temps. Beaucoup plus circonspect ! La lutte contre la
terreur pose un certain problème : considérez-vous ce défi comme une confrontation militaire ou celle policière ? Actuellement, les Etats-Unis poursuivent le modèle militaire : le maximum de puissance de feu et d’ennemis
abattus partout et à tout temps – au diable le meurtre d'innocents au hasard.
Le modèle policier offrirait une solution plus avantageuse : le minimum absolu de
violence, juste assez pour réprimer l'opposition et pas plus. Autrement, la brutalité serait soigneusement supprimée et interdite dans la plupart des cas, à la limite de
notre tolérance.
Que la brutalité de nos ennemis les diminue
par voie de rejet global et local ;
et non nos réalisations
excessives de brutalité, multiplier
leur nombre.
Nous nécessitons autant plus de sagacité en ce qui concerne le choix d’objectifs
et le chronométrage des raids. Localement dans une
certaine région et momentanément le long du calendrier politique,
une fenêtre d'opportunité dorée
s’entrouvre pour une intervention armée. L'opposition
se sera suffisamment consolidé pour identifier son
ultime gérance, mais pas pour cristalliser les rangs
secondaires et tertiaires. Les dirigeants d'ordre inférieur n’auront pas eu le temps pour établir leur réputation et consolider leur base de pouvoir au point de remplacer le rang liminaire
avec souplesse et fluidité. Ce n’est qu’à ce moment et lui seul que la décapitation méticuleuse du premier rang de gérance tyrannique peut être autorisée, à condition que cette mise en scène ne comporte aucune victime innocente. Les attaques avant ce moment-là ne
peuvent épingler avec une suffisante certitude les
dirigeants principaux ; celles
après ne peuvent pas décapiter une organisation ennemie, plutôt réorganiser
son commandement et peut-être intensifier sa létalité. Nous avons abouti dans cet
intraitable désordre à coups de
trop de raids menés pendant des années de façon opportuniste
et plus ou moins au hasard.
On peut trouver une bonne
illustration en Syrie. À un certain point,
le président Bachar al-Assad s’est identifié sans équivoque comme l'ennemi de son
peuple et de l'humanité. Ses amis ne se sont collés en
raison de son leadership et ses adversaires, à la fois ceux amicaux envers l'Occident et ceux hostiles, étaient pour le moment fragmentées et
impuissants. C’est
à ce temps et lieu que l'Occident
aurait pu frapper avec efficacité.
Certes, un bain de sang était vraisemblable à la suite de ce raid (brayé de la part de lâches moraux à travers l'Occident);
mais remarquez le bain de sang sans relâche, le résultat de notre inaction.
A cette époque, immense parc de chars de combat d'Assad aurait du être bombardé en tapis, annulant sa chance et celle de ses remplacements pour entretenir ce massacre. Ainsi de même pour les énormes arsenaux en Libye, immédiatement après la chute du régime de Kadhafi. Ils auraient du être démolis cette même semaine, au lieu de passer entre les mains de jihadi régionaux.
Les mesures militaires ci-dessus critiquées et préconisées ne pourront presque jamais réussir toutes
seules. La
question ne serait pas de pratiquer une violence massive et continue, mais un grain de piqûres clés
minutieusement planifiées ; précisément exécutées au bon moment ; précédées et suivies par les meilleures
mesures de « puissance douce » les plus énergiques possibles. En fin de compte, ce ne sont que ces mesures
«douces» : de la diplomatie du
haut en bas, aux pots-de-vin éhontés
des gestionnaires intermédiaires à l’étranger, à l'action non gouvernementale et démocratique à partir des racines d'herbe, susceptibles de résoudre de tels problèmes de façon fiable.
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